© 2015 Christina Hobbs and Lauren Billings – Wicked Sexy Liar
Chapitre 2
Luke
Je ne saurais dire ce qui la
différencie de toutes les filles que j’ai invitées chez moi. Je me hâte dans
les escaliers, j’arrive devant la porte avant elle pour jeter un coup d’œil
rapide et à la cuisine plongés dans l’obscurité.
Ça va à peu près.
Pas de carton de pizza sur la
table basse – et, plus important encore – pas de boxers par terre dans la
cuisine. Je me concentre très fort en invoquant les dieux de la garçonnière pour
m’assurer de leur soutien : il n’y a pas intérêt à y avoir le moindre
préservatif en vue dans la chambre. Ou dans la salle de bains d’ailleurs.
J’ouvre grand la porte et
souris :
-
Je t’en prie.
Logan me dévisage puis observe
l’entrée avant d’avancer avec précaution. Je tends la main pour allumer la
lumière du salon.
Et voilà la différence : la
plupart des filles entrent chez moi à reculons, agrippées à ma chemise.
Certaines me dévisagent en attendant le petit signe du menton qui leur
indiquera la direction de ma chambre. Cette fille observe les alentours,
exactement comme elle me regarde, comme si elle n’était pas sûre d’avoir
envie de toucher quoi que ce soit.
Je devine la signification de son
grand soupir avant même qu’elle n’ouvre la bouche :
-
Je viens de réaliser que je n’ai aucune
idée de ce que je fais ici.
Je recule d’un pas. Sans
hésitation, je réplique :
-
Rien que tu n’aurais pas envie de faire.
Mais dans mon for intérieur, je
laisse échapper un long gémissement de souffrance : cette journée est décidemment
marquée par le signe du drame. J’aimerais me délester de mes préoccupations en
la baisant vite et bien, mais je n’ai pas le courage de déployer des efforts
interminables pour la séduire.
A l’instant où j’abandonne le
plan A, mon ventre gargouille, je jette un coup d’œil vers la cuisine.
-
Tu as faim ?
Elle hausse les épaules.
-
Un peu.
-
J’ai des… (Je m’approche du réfrigérateur
et l’ouvre pour en inspecter le contenu.) Bières. Tortillas. Sauce Sriracha.
Céleri, poivron, et… (j’ouvre le tiroir) du fromage râpé.
Elle ne répond pas. Je me tourne
pour la regarder, son expression méfiante est à mourir de rire. Je dessine un
cercle dans l’air devant son visage en lui demandant :
-
C’est quoi cette expression ?
-
Je n’ai aucune idée de la tête que je
fais.
Elle se redresse et me sourit
faiblement. Je m’appuie à la porte du réfrigérateur.
-
Alors, dis-moi à quoi tu penses.
Elle lève les sourcils comme pour
s’assurer que j’ai vraiment envie d’entendre sa réponse. J’acquiesce.
-
Tu es presque trop caricatural pour être
vrai.
J’éclate de rire.
-
Ah oui ?
La vérité s’échappe de ses
lèvres.
-
Tu es un mec sexy, tu viens de vérifier
que la dernière fille qui a dormi ici n’a pas laissé sa culotte sur le canapé
et ton réfrigérateur est vide comme celui de tout célibataire qui se respecte.
J’ajoute
« observatrice » à la liste des choses qui m’intriguent chez cette
fille.
Je hausse les épaules en lui
souriant :
-
Je mange souvent dehors.
-
Et si ces éléments sont aussi bien
corrélés que je le pense, j’en déduis que tu es très bon au lit et que tu as
probablement une énorme bite.
Elle est tellement drôle. Je
tente sans succès de réprimer un sourire et finis par rire à gorge déployée.
Elle m’offre un véritable sourire, qui réveille en moi un sentiment inattendu.
Les sourires sexy m’excitent et me font bander, mais son sourire n’est pas
seulement sexy, il est heureux. Et ce ne sont pas seulement se
fossettes. Ses yeux brillent, ces étincelles sont authentiques. Je ne sais pas
si un véritable sourire peut être autre chose qu’heureux mais le sien est le
plus beau et le plus heureux sourire que j’aie vu depuis bien longtemps.
Je me passe une main sur le
visage et m’approche d’elle, en m’efforçant de calmer la tension qui monte en
moi quand j’effleure ses cheveux. Je fais glisser une mèche derrière son
oreille en murmurant :
-
Écoute, Logan.
Ses yeux se plissent d’un air
sceptique, elle se mord les lèvres pour ne pas sourire.
Je pourrais lui demander
pourquoi, mais je suis trop perturbé par le fait de la regarder, loin de
l’éclairage tamisé et coloré de Fred’s. Là-bas, elle avait l’air sûre d’elle,
son sourire taquin prenait le pas sur son regard prudent. Ici, je vois que ses
ne sont pas seulement bleus, leur iris est d’un turquoise éclatant, entouré
d’un cercle de bleu de cobalt, son nez est recouvert de taches de rousseur.
Elle se mord le coin de la lèvre en continuant à détailler mon salon.
Bordel de merde, est-elle
vierge ?
Devrais-je poser la
question ?
Non. Elle porte des bottes à
talon et une jupe courte en tartan, je n’ai aucune envie de risquer de me
prendre ses talons d’acier dans la cuisse, ou pire. J’ajoute :
-
Si tu veux aller dans ma chambre, je suis
partant. Tu es belle, mignonne, ta bouche ressemble à une sucrerie.
Même en fixant ses lèvres, je ne
peux m’empêcher de remarquer qu’elle a levé les yeux au ciel. C’est une
contradiction vivante : elle semble aussi déterminée et dure à cuire que
fragile comme du cristal.
-
Ou, je propose en reculant d’un pas, on
peut commander une pizza et jouer à Titanfall sur la Xbox.
Je devine qu’elle refusera – ce qui
est normal, parce que je ne vois pas comment il serait possible qu’une fille
aussi sexy connaisse l’existence de Titanfall.
Je ne m’attends pas à voir ses
yeux s’illuminer. Elle se reprend et observe à nouveau le salon. Je dois
admettre que je me suis trompé sur son compte.
Je retire mes chaussures, me
dirige vers le frigo, récupère deux bières et ouvre l’application pour
commander des pizzas de mon téléphone avant de faire un geste vers le
salon :
-
C’est parti !
Elle sourit et marche avec
légèreté pour s’installer à côté de moi sur le canapé. Je le regarde attraper
la manette, son pouce glisse avec assurance sur le petit joystick.
-
Est-ce que tu mourras de honte si je te
mets la pâtée ?
Je secoue la tête et souris en
allumant la console.
-
Non. Ma grand-mère m’a offert ce jeu la
semaine dernière, je suis sûr qu’elle serait ravie d’apprendre qu’une fille m’a
battu.